L'ennui, première cause de dépression ?!
« A certains moments d’extrême lassitude ou de défiance de soi, on met soudain, sans condition, sa complaisance entière dans un être ou une décision inattendus. On accroche sa vie au portemanteau qui se trouve là, et l’on se sent léger. Combien d’unions inviables, d’engagements définitifs, de départs au loin ne se décident pas autrement ! Naïveté ou lâcheté, on tire des traites sur l’avenir en perpétuant l’instant. Se jeter à l’eau non pour nager, mais pour se laisser dériver par le courant. »
- Gilbert Cesbron-
Combien de gens se contentent d’être des spectateurs immobiles de leurs propres vies, au lieu d’en prendre possession, et d’en être les maîtres absolus ?
Que manque-t-il à leurs bonheurs ? Qu’est ce qui alimente leurs dépressions ?
Jamais ils ne se sont arrêté un instant pour faire le bilan de leurs vies, être reconnaissants pour les petites joies toutes simples, s’émerveiller devant la beauté gratuite d’une fleur ou d’une vague. Jamais ils n’ont pris le risque d’aimer, pour ne pas se voir trahis blessés ou abandonnés. Ils ne s’aventurent pas au changement, ils sont bien dans leur petit train-train, confortablement installés dans leurs clichés et idées reçus.
La peur de vivre a remplacé la peur de mourir, disait Abdellatif Elaabi, c’est tristement ça. Il est plus facile de se laisser traîner par le courant d’une vie plate, que de nager à contre courant.
On ne vit que d’instants, disait Cesbron. Mais on continue à dilapider son capital d’instants potentiellement heureux, dans l’attente incertaine d’un cliché de bonheur digne d’une carte postale. Toujours projetés dans l’avenir.
Pourtant : une famille, une belle maison, un salaire pour assurer du pain sur la table, une voiture, et peut être même un partenaire et des enfants… que manque-t-il ? Cesbron disait encore : « Mais n’est-ce pas cela que les humains appellent le bonheur ? Bonheur aux ongles lisses parce qu’il est un peu usé ». À la surface, tout est paisible avec des aspects de bonheur. Un bonheur aseptisé, bien gentil, bien droit, bien fade, et tellement ennuyeux !
Un bonheur, qui n’est au fait qu’un joli emballage pour des vies affreusement vides, si ce n’est d’ennui de complaisance et de lassitude.